Avis de l'Anses relatif à l’élaboration d’une stratégie nationale de vaccination au regard de l’influenza aviaire hautement pathogène chez les galliformes
Résumé
Au cours de la dernière décennie, l’Europe a connu des crises majeures répétées résultant de la diffusion du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène en élevage, dont quatre ont particulièrement touché la France au cours des saisons 2015-2016, 2016-2017, 2020-2021 et 2021-2022.L’épizootie de 2021-2022 a été particulièrement dramatique pour la France, avec environ 1 400 foyers détectés dans le compartiment domestique conduisant à la mise à mort de plus de 21 millions de volailles. Cette épizootie s’est traduite par trois vagues : après quelques cas dans le Nord en novembre, la première vague s’est manifestée dans le Sud-ouest dès le mois de décembre, puis une deuxième vague a débuté fin février dans une région jusqu’alorsépargnée par les crises d’influenza aviaire, le Grand-ouest, d’une très grande intensité, avec 860 foyers recensés. Enfin, une troisième vague a touché la région du « Centre-ouest » à partir d’avril, se manifestant principalement dans les départements du Lot et de la Dordogne.Outre le nombre de foyers particulièrement élevé, la saison 2021-2022 a mis en évidence une vulnérabilité des lignées de volailles reproductrices. De nombreux élevages grand-parentaux et parentaux ont été infectés par un virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), mettant en péril la génétique aviaire française. Des mesures de sauvegarde inédites ont été déployées afin de préserver ce secteur de la filière avicole.Les résultats des investigations épidémiologiques réalisées par l’Anses sur cette épizootie d’IAHP 2021-2022 et présentés dans l’appui scientifique et technique 2022-AST-0098 mettent en avant, comme hypothèse majeure, des introductions primaires du virus par l’avifaune sauvage infectée dans des élevages exposés à cette dernière, dans un contexte de très forte pression virale environnementale, suivies d’une importante diffusion inter-élevages. Parmi les facteurs de diffusion énoncés dans le rapport 2022-AST-0098, une compréhension et mise en application imparfaites des mesures de biosécurité au sein des élevages et de leurs activités annexes a permis la propagation (diffusion secondaire) du virus. D’autres facteurs de diffusion sont également avancés : une excrétion pré-clinique des virus durant plusieurs jours par les palmipèdes infectés, une manifestation frustre de l’infection chez les galliformes, une transmission aéroportée à faible distance, un débordement des capacités d’euthanasie etd’élimination des cadavres, et la densité et diversité des élevages dans les régions Sud-Ouest et Grand-Ouest.
