Note d’appui scientifique et technique de l’Anses relatif à la viabilité dans l’air et la dose infectante du virus SARS-COV-2 - Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail Accéder directement au contenu
Rapport (Rapport D’expertise Collective) Année : 2021

Note d’appui scientifique et technique de l’Anses relatif à la viabilité dans l’air et la dose infectante du virus SARS-COV-2

Résumé

En janvier 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a identifié un nouveau virus émergent, suite à la remontée de cas groupés de pneumopathies apparus en décembre 2019 dans la ville de Wuhan (région du Hubei), en Chine. Il s’agit d’un coronavirus, officiellement désigné par l’OMS coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère ou SARS-CoV-2, responsable de la maladie COVID-19 (Coronavirus disease). Le 30 janvier 2020, au vu de son ampleur, l’OMS a déclaré que cette épidémie constituait une Urgence de Santé Publique de Portée Internationale (USPPI). Depuis le 14 mars 2020, la France est en stade 3 de l’épidémie d’infection à SARS-CoV-2, c’est à dire que le virus circule de façon active sur tout le territoire. En France, au 19 juin 2021, 5 755 596 cas ont été confirmés, 110 753 décès ont été recensés et 31 757 287 personnes ont reçu au moins une dose de vaccin au 18 juin 2021 (SantePubliqueFrance 2021). Le SARS-CoV-2 est un virus qui se transmet majoritairement de personne à personne, le risque d’infection étant augmenté lorsque la personne contagieuse et la personne susceptible sont physiquement proches à une distance inférieure au seuil recommandé de 2 mètres (OMS 2020, CDC 2020). La transmission peut intervenir à travers le contact direct avec un individu infecté, la transmission par gouttelettes et aérosols à courte distance, la transmission par aérosols à longue distance, et le contact indirect avec une surface contaminée (fomite). Cette transmission est véhiculée par le biais des sécrétions infectées telles que la salive et les sécrétions respiratoires composées de gouttelettes expulsées par la bouche et le nez lorsqu’un individu infecté tousse, éternue, parle, crie ou chante. Dans ces circonstances, les gouttelettes respiratoires incluant le virus peuvent atteindre les muqueuses buccale, nasale et oculaire, ou être inhalées, et entraîner une infection. Une transmission par contact indirect impliquant le contact entre un individu susceptible et un objet ou une surface contaminée (fomite) est également possible compte tenu des contaminations environnementales documentées dans de nombreux rapports et de la probabilité d’infection en touchant ces surfaces puis en touchant les yeux, le nez ou la bouche avant le nettoyage des mains (OMS 2020). Concernant la transmission par aérosols du virus, les « gouttelettes » respiratoires (1 µm à 1 mm), qui se déposent par gravité sur les surfaces à proximité immédiate, sont distinguées des « aérosols » respiratoires qui sont des suspensions de plus fines particules (quelques nanomètres à 100 µm) dans l’air. En réalité, il existe un continuum entre gouttelettes et aérosols qui limite la portée de la distinction entre ces deux modes de vectorisation du virus. A des fins de simplification, dans le présent avis centré sur le risque de transmission par bioaérosols, on parlera invariablement d’« aérosols » (qui sont des « microgouttelettes aéroportées »). La transmission par microgouttelettes respiratoires dans les aérosols est possible dans les milieux de soins où certaines interventions médicales produisant des aérosols sont pratiquées (OMS 2020, Dewitte, Pairon et al. 2021). Dans les espaces intérieurs fréquentés par la population générale, l’importance de considérer/quantifier ce mode de transmission et son implication potentielle dans le contrôle de l’épidémie, a émergé depuis avril 2020 sous l’impulsion de collectifs spécialisés dans la physique des bioaérosols (Morawska and Milton 2020, Morawska, Tang et al. 2020, Greenhalgh, Jimenez et al. 2021). L’importance relative de ce mode de transmission, en particulier concernant les expositions longue distance (supérieures à 2 mètres) et les expositions dans les espaces ventilés, ne fait pas pour le moment l’objet de consensus dans la communauté scientifique compte tenu des éléments de preuve de nature parcellaire, rétrospective et/ou théorique et compte tenu de l’absence de données expérimentales chez l’humain en lien avec les règles éthiques de la recherche biomédicale (Klompas, Baker, et Rhee 2020). Plus généralement, quel que soit le virus respiratoire, très peu d’études expérimentales sur la transmission humaine ou d’études épidémiologiques ont évalué l’importance relative des différents modes de transmission au sein d’une même étude (Leung 2021). On peut noter néanmoins des données issues d’études sur des modèles animaux qui permettent de maîtriser la voie et la dose d’exposition au virus. La voie aérosols a ainsi été confirmée. La nébulisation du virus chez les modèles de primates non-humains est également utilisée avec succès pour mimer une exposition à des particules aérosolisées. Le croisement de plusieurs arguments empiriques apportés dans la littérature amène un nombre croissant de scientifiques à plaider en faveur de l’importance, voire du rôle majeur en fonction des circonstances, de la transmission par des microgouttelettes respiratoires dans les aérosols en espaces intérieurs, dans la diffusion de la COVID-19 (Ma, Qi et al. 2020, Morawska and Milton 2020, Morawska, Tang et al. 2020, Bazant and Bush 2021, Greenhalgh, Jimenez et al. 2021, Leung 2021, Sawano, Takeshita et al. 2021). De manière alternative, l’importance relative des modes de transmission dans différentes situations peut être évaluée en utilisant des modèles et simulations mécanistiques ainsi que des inférences de probabilité d’infection, par exemple basés sur des évènements épidémiques suffisamment documentés (Azimi, Keshavarz et al. 2021). En décrivant l’émission et l’efficacité de transfert du virus à chaque étape de la voie de transmission, couplé à un modèle doseréponse faisant référence à la dose minimale nécessaire à l’initiation de l’infection, la probabilité d’infection relative à chaque mode de transmission peut être estimée, permettant ainsi d’identifier la part de chacun des modes de transmission en fonction de différents contextes ou scenarios. Cependant, un des défis propres à ce type d’approche est de caractériser aussi précisément que possible les paramètres d’entrée du modèle alors même que les données disponibles pour ces paramètres peuvent être difficilement extrapolables à différentes situations, ou affectées par de fortes incertitudes. À ce titre, l’identification de la dose minimale requise pour que le virus induise une infection (dose minimale infectante) est un paramètre particulièrement incertain et sensible (OMS 2020, Ho 2021).D’autres paramètres, tels que la viabilité du virus dans l’air, mesurée en condition expérimentale et variable en fonction des conditions environnementales (température, humidité, UV), peuvent par ailleurs poser question en terme de validité externe par rapport aux situations modélisées (Ram et al. 2021).
Fichier non déposé

Dates et versions

anses-03898683 , version 1 (14-12-2022)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

  • HAL Id : anses-03898683 , version 1

Citer

Pierre Le Cann, Christophe Batéjat, Benoit Delache, Ignacio Garcia-Verdugo, Thi Lan Ha, et al.. Note d’appui scientifique et technique de l’Anses relatif à la viabilité dans l’air et la dose infectante du virus SARS-COV-2. Saisine n°2021-SA-0018, Anses. 2021, 101 p. ⟨anses-03898683⟩
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