Avis de l'Anses relatif à un retour d’expérience sur la crise influenza aviaire hautement pathogène 2020-2021 (1ère partie) - Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail Accéder directement au contenu
Rapport (Rapport D’expertise Collective) Année : 2021

Avis de l'Anses relatif à un retour d’expérience sur la crise influenza aviaire hautement pathogène 2020-2021 (1ère partie)

Barbara Dufour
Anne van de Wiele
Charlotte Dunoyer
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1305277

Résumé

L’épizootie d’influenza de type A hautement pathogène (IAHP) de sous type H5N8 qui a sévi, en France, durant l'hiver 2020-2021 dans le compartiment élevage, principalement dans le sud-ouest et dans une bien moindre mesure en Vendée/Deux-Sèvres ainsi que dans la filière animalerie/ornement en Corse/Yvelines, a entraîné près de 500 foyers et l’abattage de plus de 3 millions de canards et autres volailles, répétant ainsi les épizooties de 2015-2016 et 2016- 2017. Ces épizooties récurrentes posent des questions de fond sur l'organisation des filières, notamment dans le sud-ouest et sur les facteurs de risque de diffusion de l’infection, à partir du moment où elles affectent un premier élevage. L’Anses est saisie pour conduire un retour d’expérience suite à cette nouvelle épizootie, après avoir rendu différents avis et AST en urgence tout au long de l’hiver 2020-2021. Ce retour d’expérience, tel que demandé dans la saisine, ne concerne pas l’épisode relatif à la filière animalerie/oiseaux d’ornement. L’analyse de la situation passe par la compréhension et l’analyse de l’enchaînement des évènements. Le système d’épidémiosurveillance ainsi que les données relatives aux mouvements d’oiseaux sauvages ont été constamment améliorés ces dernières années, dans le but d’une meilleure anticipation des risques liés à la faune sauvage. Aussi, lorsque de fin juillet à fin-septembre 2020, 59 foyers IAHP H5 ont été déclarés en faune domestique en lien avec l’avifaune sauvage en Russie et au Kazakhstan, la plateforme ESA a souligné que cette situation appelait à une grande vigilance en France. Ce message a été transmis aux professionnels de la filière foie gras et à la DGAL, afin d’augmenter la vigilance pour détecter le plus tôt possible toute infection par l’IA (surveillance événementielle renforcée en faune sauvage, surveillance événementielle en élevage) et dans le but de limiter les risques d’introduction en élevage (mesures de biosécurité) ainsi que de se préparer à une montée possible du niveau de risque. A la demande de la DGAL, l’OFB a intensifié son niveau de surveillance de la faune sauvage : pour les espèces cibles, collecte dès le premier cadavre d’anatidé, rallidé, laridé, échassier et rapace. Par ailleurs, les professionnels de la filière foie gras se sont préparés à une détérioration de la situation vis-à-vis du risque faune sauvage. Il a ainsi été rappelé en réunion de concertation qu’il fallait que chacun : - ait une densité compatible avec une mise à l’abri des palmipèdes à foie gras (pour les canards prêts à gaver : PAG), - remplisse de manière régulière la base de données BDAvicole, - anticipe un passage en risque élevé influenza, en engageant une réflexion sur les points de gestion à améliorer pour augmenter la réactivité en cas de détection d’un premier foyer Aussi, la détection de virus influenza aviaires hautement pathogènes d’abord dans des pays proches (H5N8 et H5N5 chez les volailles), puis sur le sol français (H5N8, 16/11/2021), a amené le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation par arrêté ministériel (AM), à relever rapidement le niveau de risque d’introduction du virus influenza aviaire par l’avifaune de « négligeable », puis « modéré » et « élevé » en France métropolitaine (AM publiés au JO respectivement les 25 octobre 2020, 05 novembre 2020 et 17 novembre 2020). Suite au dernier arrêté ministériel, les mesures suivantes ont été appliquées à l’ensemble des départements de l’hexagone et de la Corse : - Mise à l’abri ou protection des élevages de volailles par un filet avec réduction des parcours extérieurs pour les animaux ; - Interdiction de rassemblements d’oiseaux (exemples : concours, foires ou expositions); - Interdiction de faire participer des oiseaux originaires de ces départements à des rassemblements organisés dans le reste du territoire ; - Interdiction des transports et lâchers de gibiers à plumes (avec certaines dérogations au cas par cas) ; - Interdiction d’utilisation d'appelants (avec certaines dérogations au cas par cas). Au 3 mai 2021, le bilan de cette épizootie est le suivant : - En Europe - un total d’au moins 1 189 foyers dans le compartiment volailles (1126 foyers à H5N8, 6 à H5N5, 6 à H5N1 et 51 à H5Nx), - 2 510 cas autres que volailles, dont les cas5 en faune sauvage (2074 cas à H5N8, 172 à H5N5, 54 à H5N1, 15 à H5N4, 42 à H5N3 et 167 à H5Nx) qui ont été confirmés depuis le 20/10/2020 (Source : Commission européenne ADNS/DGAL le 03/05/2021). - En France Plus particulièrement en France (source : plateforme ESA - Bulletin hebdomadaire de veille sanitaire internationale en santé animale (BHVSI-SA) du 11/05/2021), le bilan des infections à virus IAHP dans les compartiments oiseaux sauvages et volailles domestiques/oiseaux captifs est le suivant : - Compartiment oiseaux sauvages Depuis la première confirmation le 27/11/2020, dix-neuf cas, portant des numéros d’identification ADiS différents, ont été confirmés en avifaune sauvage dans le cadre de la surveillance événementielle mise en œuvre via le réseau SAGIR, ainsi qu’un cas dans la faune captive6. Tous ces cas sont liés à des virus H5N8 sauf les détections de virus IAHP H5N3 associés à l’épisode de mortalité massive de bécasseaux maubèches (Calidris canutus) dans la Manche, le cas de la bernache cravant (Branta bernicla) dans la Manche confirmé H5N1 et l’un des cas des Ardennes (H5Nx). - Compartiment volailles / oiseaux captifs Depuis le premier foyer confirmé le 16/11/2020 et jusqu’au 03/05/2021 inclus, 492 notifications relatives à des volailles et une notification concernant des oiseaux d’ornement captifs ont été réalisées. Tous ces foyers ont été causés par une infection par un virus H5 HP de clade 2.3.4.4b, systématiquement associé au sous-type N8 de neuraminidase pour les foyers où la détermination complète du sous-type a été possible. Sur les 492 foyers concernant des volailles, 475 sont localisés dans le sud-ouest de la France (> 96%), 17 sont situés dans le reste de la France. Les huit premiers foyers ont été identifiés en Corse et dans une animalerie en lien épidémiologique avec un foyer dans les Yvelines (les 07 et 12/11/2020 - historique et localisation cf. le BHVSI-SA du 15/12/2020). Le neuvième foyer déclaré en France était situé dans les Landes. Il a été confirmé le 06/12/2020. Puis le virus s'est propagé rapidement à l’intérieur et au-delà du département des Landes, dans le sud-ouest de la France, avec des détections dans les Hautes-Pyrénées, en Pyrénées-Atlantiques, le Lot-et-Garonne et dans le département du Gers. En outre, un premier foyer a été détecté en Vendée le 12/12/2020, ainsi que dans les Deux-Sèvres le 13/12/2020. Les figures 1 et 2 ci-dessous représentent les foyers avec leur localisation et la cinétique de l’épizootie. D’autres détections ponctuelles ont eu lieu en France métropolitaine.
Fichier non déposé

Dates et versions

anses-03674371 , version 1 (20-05-2022)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

  • HAL Id : anses-03674371 , version 1

Citer

Barbara Dufour, Matthieu Andraud, Olivier Dehorter, Mariette Ducatez, Durand Benoit, et al.. Avis de l'Anses relatif à un retour d’expérience sur la crise influenza aviaire hautement pathogène 2020-2021 (1ère partie). [0] Saisine n° 2021-SA-0022, Anses. 2021, 79 p. ⟨anses-03674371⟩
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