Nouvelle approche métabolomique appliquée à la mesure de l'exposition aux faibles doses de contaminants chimiques: incidence des pesticides et POP sur l'obésité et le diabète de type 2

Jean-Christophe Garrigues (1, 2)

1 IMRCP - Interactions moléculaires et réactivité chimique et photochimique
2 IMRCP - SMODD - IMRCP - Systèmes Moléculaires Organisés et Développement Durable

Le nombre de cas d'obésité mondiale a doublé depuis 1980 et triplé chez les enfants. Le plus souvent l'évolution de la prévalence du diabète se superpose à celle de l'obésité. Les causes de cette épidémie de diabète de type 2, touchant plus de 5% de la popula-tion Française, restent complexes et la suralimentation et le mode de vie sédentaire ne peuvent pas, à eux seuls, l'expliquer. Les perturbateurs endocriniens* (PE), ubiquitaires dans notre environnement, sont capables de modifier certaines voies de signalisa-tion cellulaire du métabolisme du glucose et des lipides. Chez l’Homme, des études épidémiologiques ont montré un lien direct entre l’exposition à certains polluants organiques persistants* (POP), dont les insecticides organochlorés* (OC) et les polychlorobi-phényles* (PCB) et la survenue d’un syndrome métabolique* ou d’un diabète de type 2, dans les années qui suivent une exposition aigüe (1). Les restrictions dans l'utilisation des OC et des PCB, liées à la convention de Stockholm de 2001 ont entrainé une diminu-tion de ces polluants, mais certains métabolites du DDT tel le dichlorodiphényldichloroéthylène (p,p’-DDE) et l'hexachlorobenzène (HCB) ou les PCB, persistants et bioaccumulables, sont encore retrouvés dans de nombreux organismes vivants. Pour les pesticides organophosphorés (OP), il n'existe pas aujourd'hui de consensus sur les conséquences pour l’Homme, liées à une exposition préna-tale à ces substances, alors que des études sur l'animal ont montré un effet (2). Il est apparu nécessaire de développer de nou-veaux outils d'investigations, permettant de relier de faibles doses de polluants chimiques à des effets mesurables sur la santé humaine. C'est dans ce contexte que la première publication de cette note, une étude métabolomique* chez l'adulte menée par Salihovic et al. (mars 2016), cherche à identifier les signaux enzymatiques, métaboliques et hormonaux perturbés par des faibles doses d'OC. Dans la seconde publication, Debost-Legrand et al (avril 2016), cherchent à relier l'exposition prénatale à des cocktails complexes de faibles doses de POP, OC et OP et la modification dans la sécrétion de deux hormones du métabolisme du glucose: l'insuline et l'adiponectine. Ces deux études permettent de passer de l'analyse des effets épidémiologiques, souvent liés à des expositions aiguës, à l'identification des mécanismes de signalisation cellulaire grâce au métabolome, modifié par une exposition à un ou plusieurs agents chimiques. Ce changement d'échelle représente une avancée majeure dans l'approche des effets molécu-laires exercés par de faibles doses de mélanges complexes. Dans les deux publications présentées, c'est le métabolisme du glucose et des lipides qui semble être le plus impacté par ces cocktails de polluants, renforçant l'hypothèse d'une incidence continue de certains perturbateurs endocriniens, OC et OP sur le diabète de type 2 et l'obésité.

Mots clés: Adiponectine; Insuline; Métabolomique; Organochlorés; Organophosphorés; Pesticides; Polluants organiques persistants

Domaines: Sciences du Vivant [q-bio]; Alimentation et Nutrition

Jean-Christophe Garrigues. Nouvelle approche métabolomique appliquée à la mesure de l'exposition aux faibles doses de contaminants chimiques: incidence des pesticides et POP sur l'obésité et le diabète de type 2. Bulletin de veille scientifique , 2017, 31, pp.31-35. ⟨anses-01532266⟩